
Les crypto-monnaies font désormais partie du paysage financier. Ce qui était considéré comme une lubie de geeks en 2010 ou une bulle spéculative en 2017 s'est progressivement imposé comme une classe d'actif alternative dans les portefeuilles de certains investisseurs, y compris institutionnels.
Mais pour un particulier qui gère son patrimoine de façon prudente et diversifiée, la question se pose : faut-il investir dans les crypto-monnaies ? Et si oui, quelle proportion ? La fameuse règle des 5% du portefeuille est-elle pertinente ?
Chez ALAIA Patrimoine, cabinet de gestion de patrimoine à Bordeaux, nous recevons régulièrement cette question lors de nos bilans patrimoniaux. Voici notre analyse complète, factuelle et équilibrée.
En 2025, les crypto-monnaies ne sont plus un phénomène marginal :
Les grandes banques privées et family offices intègrent désormais les cryptos dans leurs allocations alternatives, aux côtés du private equity, des hedge funds ou de l'or. La Banque de France et l'AMF (Autorité des Marchés Financiers) surveillent le secteur de près sans l'interdire.
Bitcoin (BTC) :
Ethereum (ETH) :
Les autres (altcoins) :
Dans une optique de gestion de patrimoine, seuls Bitcoin et éventuellement Ethereum méritent d'être considérés. Le reste relève de la spéculation pure.
Le principal argument pour intégrer des crypto-monnaies dans un patrimoine est la diversification. Bitcoin et Ethereum évoluent de façon relativement décorrélée des actions, obligations et immobilier (même si cette décorrélation n'est pas totale, notamment en période de crise systémique).
Exemple théorique : Un portefeuille traditionnel composé de 60% actions / 30% obligations / 10% immobilier papier peut voir sa volatilité réduite en y ajoutant 3-5% de Bitcoin, à condition d'avoir un horizon long terme (10 ans minimum). Mais attention : cela peut aussi augmenter la volatilité court terme.
Bitcoin est souvent présenté comme un "or numérique" : une réserve de valeur non inflationniste (quantité limitée à 21 millions), indépendante des banques centrales et des États.
Dans un contexte où les monnaies fiduciaires (euro, dollar) peuvent être dévaluées par des politiques monétaires expansionnistes (création monétaire, taux négatifs), certains investisseurs voient dans Bitcoin une assurance contre la dévaluation.
Attention : Cette théorie reste débattue et non prouvée sur longue période. Bitcoin a d'ailleurs chuté fortement en 2022 malgré une inflation élevée.
Sur le long terme (10-15 ans), Bitcoin a délivré des performances spectaculaires :
Mais ces performances passées ne garantissent rien pour l'avenir. Et elles s'accompagnent de drawdowns (corrections) brutaux : -80% en 2018, -75% en 2022.
En gestion de patrimoine, on ne cherche pas la performance maximale, mais le meilleur rapport rendement/risque ajusté à son profil.
Le principal risque des crypto-monnaies est leur volatilité. Bitcoin peut perdre 20% en une semaine, 50% en quelques mois, ou gagner 100% en un an. Cette volatilité est psychologiquement difficile à supporter, même pour des investisseurs aguerris.
Exemple vécu : Un investisseur place 10 000 € en Bitcoin en novembre 2021 (cours ~60 000 $). En novembre 2022, son investissement ne vaut plus que 3 500 € (-65%). En novembre 2024, il remonte à 12 000 € (+20% par rapport à l'investissement initial). Rares sont ceux qui tiennent psychologiquement dans cette montagne russe.
Règle absolue : n'investissez dans les cryptos que de l'argent que vous êtes prêt à perdre totalement, sans que cela n'affecte votre niveau de vie.
Les crypto-monnaies impliquent des risques techniques spécifiques :
La sécurisation est essentielle : utiliser des plateformes régulées, activer la double authentification, envisager un hardware wallet (portefeuille physique) pour les montants importants.
Le cadre réglementaire des crypto-monnaies évolue constamment et diffère selon les pays :
Un durcissement réglementaire brutal (interdiction de certains usages, taxation punitive) pourrait impacter fortement les cours. À l'inverse, une adoption institutionnelle massive pourrait les faire exploser. L'incertitude est maximale.
En France, les plus-values sur crypto-monnaies sont imposées selon le régime des actifs numériques (depuis la loi de finances 2019) :
Exemple : Vous achetez 5 000 € de Bitcoin. Deux ans plus tard, vous vendez pour 12 000 €. Plus-value : 7 000 €. Impôt : 7 000 € x 30% = 2 100 €. Vous récupérez net 9 900 € (12 000 - 2 100).
Important : L'échange d'une crypto contre une autre (Bitcoin contre Ethereum) est considéré comme une cession imposable depuis 2019.
Depuis 2020, les contribuables français doivent déclarer leurs comptes d'actifs numériques détenus à l'étranger (formulaire n°3916-bis) :
Les plateformes régulées françaises (ex : Coinhouse, Stackinsat) transmettent automatiquement les données fiscales à l'administration. La traçabilité est quasi totale.
Minage :
Staking (mise en jeu de cryptos pour valider des transactions et recevoir des récompenses) :
NFT (jetons non fongibles) :
La fiscalité française des crypto-monnaies est complexe. Un accompagnement par un conseiller en gestion de patrimoine ou un expert-comptable est vivement recommandé.
La règle des 5% provient de la théorie moderne de portefeuille (Markowitz) et de travaux académiques sur la diversification. L'idée : allouer une petite part de son patrimoine (3-5%) à des actifs très volatils mais décorrélés peut améliorer le couple rendement/risque global du portefeuille, à condition d'avoir un horizon long (10 ans minimum).
Plusieurs études (notamment de Fidelity, VanEck) ont simulé l'ajout de 1% à 10% de Bitcoin dans un portefeuille 60/40 classique (60% actions, 40% obligations) sur la période 2015-2023. Conclusion : une allocation de 3-5% aurait amélioré le rendement global sans augmenter démesurément le risque, grâce à la performance du Bitcoin et à sa décorrélation partielle.
Mais attention : Ces études sont rétrospectives (biais de survie), et rien ne garantit que les performances passées se répètent.
La règle des 5% n'est pas universelle. Elle doit être ajustée selon votre profil :
Profil prudent (aversion au risque élevée, proche de la retraite, patrimoine < 200 000 €) :
Profil équilibré (tolérance au risque moyenne, horizon 10-15 ans, patrimoine 200-500 000 €) :
Profil dynamique (forte tolérance au risque, horizon 15 ans+, patrimoine > 500 000 €, revenus élevés) :
Pour un patrimoine de 300 000 €, 5% représentent 15 000 €. Êtes-vous prêt à voir cette somme fluctuer de -50% à +100% en quelques mois ? Si la réponse est non, réduisez l'allocation.
1. Plateformes d'achat direct (exchanges)
2. ETF crypto (via compte-titres ou PEA pour certains ETF éligibles)
3. Assurance-vie avec fonds crypto
4. SCPI ou fonds avec exposition crypto
Pour un investisseur patrimonial classique, nous recommandons les plateformes françaises régulées (simplicité fiscale) ou les ETF crypto (via compte-titres).
Deux grandes options de conservation :
Hot wallet (portefeuille en ligne) :
Cold wallet (portefeuille hors ligne) :
Recommandation :
Le DCA (investissement programmé) consiste à acheter régulièrement une somme fixe, indépendamment du cours. Cela lisse la volatilité et évite d'acheter tout en haut du marché.
Exemple DCA :
Achat ponctuel :
Pour un investisseur non expert, le DCA est largement préférable : il réduit le risque de timing et l'impact psychologique de la volatilité.
Les crypto-monnaies peuvent avoir leur place dans un patrimoine si vous cochez TOUTES ces cases :
✅ Patrimoine global > 100 000 € (idéalement > 200 000 €) : les cryptos sont un actif de diversification, pas une base patrimoniale
✅ Horizon d'investissement > 10 ans : la volatilité court terme est trop forte pour espérer un gain sur 2-3 ans
✅ Tolérance au risque élevée : vous acceptez de voir votre investissement perdre 50-70% sans paniquer ni vendre
✅ Épargne de précaution constituée : au moins 6 mois de dépenses en épargne liquide (Livret A, fonds euros)
✅ Stratégie patrimoniale globale déjà en place : assurance-vie diversifiée, PER si pertinent, immobilier éventuellement
✅ Compréhension minimale du fonctionnement des cryptos : vous savez ce qu'est une blockchain, un wallet, une clé privée
✅ Capacité à suivre régulièrement votre investissement : les cryptos nécessitent une vigilance sur la sécurité et la fiscalité
N'investissez PAS dans les crypto-monnaies si :
❌ Vous êtes proche de la retraite (< 5 ans) ou retraité : la volatilité est incompatible avec un besoin de revenus stables
❌ Votre patrimoine est < 100 000 € : concentrez-vous d'abord sur les fondamentaux (épargne de précaution, assurance-vie, PER)
❌ Vous n'avez pas d'épargne de précaution : les cryptos ne sont PAS une épargne de secours
❌ Vous cherchez un complément de revenus régulier : les cryptos ne génèrent pas de revenus (pas de loyers, pas de dividendes, pas de coupons)
❌ Vous êtes sensible au stress financier : voir votre investissement perdre 50% en quelques mois peut être psychologiquement insupportable
❌ Vous n'avez aucune connaissance du sujet : ne jamais investir dans ce qu'on ne comprend pas
❌ Vous êtes tenté par des promesses de rendement garanti ou des "conseils" sur les réseaux sociaux : 99% sont des arnaques
Pour ces profils, mieux vaut se concentrer sur des placements plus stables : assurance-vie diversifiée, PER, SCPI, immobilier locatif.
Les crypto-monnaies ne sont ni l'eldorado promis par certains gourous du web, ni l'arnaque dénoncée par certains puristes de la finance traditionnelle. Elles sont une classe d'actif émergente, très volatile, à haut risque et potentiel de rendement élevé, qui peut avoir sa place dans un patrimoine diversifié... mais à condition de respecter des règles strictes.
La règle des 5% est un repère raisonnable pour les profils adaptés : elle permet de capter une partie du potentiel sans mettre en danger l'ensemble du patrimoine. Mais elle n'est ni obligatoire ni universelle. Selon votre profil, 0%, 2%, 5% ou 10% peuvent être justifiés.
Chez ALAIA Patrimoine, cabinet de gestion de patrimoine à Bordeaux, nous intégrons les crypto-monnaies dans nos analyses patrimoniales lorsque cela a du sens : profil adapté, horizon long, allocation cohérente avec la stratégie globale. Nous privilégions toujours une approche prudente, diversifiée et fiscalement optimisée.
Si vous vous posez la question d'intégrer les cryptos dans votre patrimoine, la première étape est de faire un bilan patrimonial complet : état des lieux de votre situation, objectifs, tolérance au risque. Ensuite seulement, nous pourrons déterminer si les cryptos ont leur place, et dans quelle proportion.
Ne vous lancez jamais seul dans les cryptos si vous n'êtes pas sûr. Prenez conseil auprès d'un professionnel indépendant qui vous accompagnera dans une stratégie globale et cohérente.
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