
Choisir entre fonds euros et unités de compte, c'est un peu comme choisir entre un livret A dopé et la bourse. D'un côté, la sécurité absolue avec des rendements modestes. De l'autre, un potentiel de gain significatif mais avec des fluctuations qui peuvent faire peur.
En 2025, cette question revient constamment dans les cabinets de gestion de patrimoine à Bordeaux comme ailleurs. Les épargnants veulent comprendre où placer leur argent sans prendre de risques inconsidérés, mais sans non plus laisser leur épargne stagner face à l'inflation.
Cet article vous explique tout : les différences concrètes entre ces deux supports, leurs avantages respectifs, et surtout comment construire une allocation intelligente selon votre situation personnelle.
Le fonds euros, c'est le support "sécurisé" par excellence de l'assurance vie. Son principe est simple : votre capital est garanti à 100%. Chaque année, les intérêts générés sont définitivement acquis et s'ajoutent au capital. Impossible de perdre de l'argent, même si les marchés s'effondrent.
Exemple concret : vous placez 50 000 € sur un fonds euros qui affiche 2,8% en 2025. L'année suivante, vous aurez 51 400 € garantis, et ce montant ne pourra jamais diminuer, quoi qu'il arrive.
Le fonds euros investit principalement dans des obligations d'État et d'entreprises de qualité (80 à 90% du portefeuille), complétées par une petite poche d'actions pour booster un peu le rendement. C'est l'assureur qui gère tout et qui prend le risque à sa charge.
Les unités de compte, c'est tout le reste : actions, obligations, SCPI, fonds thématiques, trackers... Bref, des supports financiers où vous assumez le risque de marché. Votre capital n'est pas garanti et peut fluctuer à la hausse comme à la baisse.
Prenons un exemple : vous investissez 30 000 € sur des UC avec 60% en actions internationales et 40% en obligations. Si les marchés montent de 6% sur l'année, vous pourriez avoir 31 800 €. Mais si les marchés baissent de 8%, votre capital tombe à 27 600 €.
Les UC permettent d'accéder à des milliers de supports différents, du fonds actions européennes aux SCPI en passant par les obligations d'entreprises ou les fonds immobiliers. C'est vous (ou votre conseiller) qui choisissez dans quoi investir.
Les atouts du fonds euros sont évidents : vous dormez tranquille. Votre capital ne peut jamais baisser, les intérêts s'accumulent chaque année, et vous pouvez récupérer votre argent quand vous voulez sans craindre une mauvaise surprise.
En 2025, les rendements moyens tournent autour de 2,5% à 3% pour les meilleurs contrats. C'est mieux que le livret A (2,4%) mais nettement inférieur à l'inflation si elle se maintient autour de 2,5%. Résultat : votre pouvoir d'achat progresse, mais très lentement.
Les inconvénients ? C'est justement cette performance limitée. Sur 10 ans à 2,8%, 100 000 € deviennent 131 900 €. Sur la même durée avec des UC performantes à 6%, vous auriez 179 000 €. La différence est massive.
Autre point : de nombreux assureurs imposent désormais un versement minimum sur les UC pour accéder aux meilleurs fonds euros. Certains contrats exigent 30% à 50% en unités de compte. Impossible donc de rester 100% sécurisé partout.
Les UC, c'est l'inverse : aucune garantie, mais un potentiel de rendement nettement supérieur sur le long terme. Historiquement, un portefeuille équilibré (60% actions / 40% obligations) rapporte environ 5% à 7% par an sur 10-15 ans, malgré les crises ponctuelles.
En 2025, avec des marchés actions qui restent dynamiques et des taux d'intérêt qui se stabilisent, les perspectives sont intéressantes pour qui accepte la volatilité. Un portefeuille diversifié peut viser 5% à 8% annuels selon le niveau de risque.
Les avantages ? Diversification illimitée, accès aux meilleurs gérants mondiaux, possibilité de profiter des tendances (IA, transition énergétique, santé, immobilier), et surtout un effet de levier patrimonial sur le long terme.
Les inconvénients ? Le stress émotionnel quand les marchés baissent. En 2022, beaucoup d'épargnants ont perdu 10% à 15% sur leurs UC. Certains ont paniqué et vendu au pire moment. D'autres ont tenu, et ont récupéré en 2023-2024. Le facteur psychologique est crucial.
Si vous ne supportez pas l'idée de voir votre capital baisser, même temporairement, le fonds euros est fait pour vous. Ce profil correspond souvent aux épargnants de plus de 60 ans, aux personnes avec un horizon court (besoin dans moins de 5 ans), ou à ceux qui veulent constituer une épargne de précaution.
Allocation recommandée : 80% à 100% fonds euros, avec éventuellement 10% à 20% sur des UC très défensives (fonds obligataires de qualité, fonds monétaires). L'objectif n'est pas la performance maximale mais la préservation du capital avec un léger bonus par rapport au livret.
Exemple : Marie, 62 ans, prépare sa retraite dans 3 ans. Elle place 150 000 € à 100% sur un fonds euros à 2,9%. Dans 3 ans, elle aura environ 163 500 € garantis pour compléter ses revenus.
Vous acceptez une part de risque pour viser un meilleur rendement, mais sans tout miser sur les marchés. C'est le profil le plus répandu, adapté aux 40-60 ans avec un horizon de 5 à 10 ans et une capacité à encaisser des baisses temporaires de 5% à 10%.
Allocation recommandée : 50% fonds euros / 50% UC, avec une diversification des UC entre actions (30%), obligations (15%) et immobilier (5%). Cette répartition offre un coussin de sécurité tout en captant une bonne partie de la performance des marchés.
Exemple : Thomas, 48 ans, investit 80 000 € pour préparer ses projets futurs (résidence secondaire dans 8 ans). Avec une allocation 50/50, il vise 4% à 5% par an en moyenne, soit environ 115 000 € à 120 000 € dans 8 ans.
Vous avez moins de 45 ans, un horizon long (10 ans et plus), une épargne de précaution déjà constituée par ailleurs, et vous comprenez que les fluctuations font partie du jeu. Vous visez la performance à long terme.
Allocation recommandée : 20% à 30% fonds euros / 70% à 80% UC, avec une forte exposition actions (50% à 60%), complétée par de l'immobilier (10% à 15%) et des obligations (10%). Cette stratégie vise 6% à 8% par an sur le long terme.
Exemple : Julie, 35 ans, place 60 000 € pour sa retraite dans 30 ans. Avec 75% en UC bien diversifiées et 25% en fonds euros, elle pourrait atteindre 340 000 € à 400 000 € à 65 ans (selon performance entre 6% et 7% annuels).
La meilleure méthode consiste à segmenter votre épargne selon vos projets concrets et leur échéance. Chaque objectif a son allocation optimale.
Court terme (0-3 ans) : besoin identifié, achat immobilier, travaux, véhicule → 100% fonds euros. Vous ne pouvez pas vous permettre que l'argent ne soit pas là au moment voulu.
Moyen terme (3-8 ans) : projets futurs, complément retraite proche, transmission → 60% fonds euros / 40% UC. Un peu de risque est acceptable car vous avez le temps de récupérer une éventuelle baisse.
Long terme (8 ans et plus) : retraite lointaine, transmission future, capitalisation patrimoniale → 30% fonds euros / 70% UC. C'est sur cette durée que les UC montrent toute leur puissance.
Une règle simple (mais pas absolue) : votre âge en fonds euros. À 40 ans, vous mettez 40% en fonds euros et 60% en UC. À 65 ans, 65% fonds euros et 35% UC. Cette formule ajuste progressivement le risque selon votre capacité à récupérer d'une baisse.
Attention toutefois : cette règle doit s'adapter à votre situation personnelle. Un retraité de 68 ans avec 500 000 € d'épargne et des revenus confortables peut se permettre 40% en UC. À l'inverse, un trentenaire qui épargne pour un achat dans 4 ans gardera 80% en fonds euros malgré son jeune âge.
Erreur n°1 : rester 100% fonds euros à 35 ans. Vous sacrifiez des dizaines de milliers d'euros de gains potentiels sur 30 ans. Sur 200 000 € investis, la différence entre 2,8% et 6% sur 30 ans représente plus de 550 000 € d'écart au final.
Erreur n°2 : mettre 100% en UC à 62 ans sans horizon clair. Si les marchés chutent de 20% juste avant votre besoin, vous n'aurez peut-être pas le temps de récupérer. La sécurisation progressive est essentielle à l'approche de vos objectifs.
Erreur n°3 : ne jamais arbitrer ou rééquilibrer. Si vos UC performent bien, elles peuvent passer de 50% à 70% de votre contrat en quelques années. Il faut alors sécuriser une partie des gains en transférant vers le fonds euros. C'est ce qu'on appelle un arbitrage de rééquilibrage.
Erreur n°4 : paniquer et tout vendre en UC lors d'une baisse. Les marchés sont cycliques. Vendre quand ça baisse cristallise la perte. Les meilleures performances surviennent souvent juste après les pires moments. La discipline est votre alliée.
Cas 1 : Léa, 32 ans, cadre, 100 000 € à investirObjectif : préparer sa retraite dans 33 ans. Aucun besoin court terme, épargne de précaution déjà constituée.→ Allocation : 20% fonds euros (20 000 €) / 80% UC (80 000 €) avec 55% actions internationales, 15% immobilier, 10% obligations.Rendement visé : 6,5% par an → capital projeté à 65 ans : environ 750 000 €.
Cas 2 : Marc, 52 ans, entrepreneur, 250 000 € disponiblesObjectif : complément retraite dans 13 ans + sécurisation progressive.→ Allocation initiale : 45% fonds euros (112 500 €) / 55% UC (137 500 €) avec rééquilibrage annuel.Plan : augmenter la part fonds euros de 3% par an à partir de 58 ans.Rendement visé : 4,8% par an → capital projeté à 65 ans : environ 475 000 €.
Cas 3 : Françoise, 67 ans, retraitée, 180 000 € en assurance vieObjectif : transmission future + complément ponctuel de revenus.→ Allocation : 70% fonds euros (126 000 €) / 30% UC (54 000 €) avec des supports défensifs.Rendement visé : 3,5% par an → capital projeté dans 10 ans : environ 255 000 €, tout en gardant une liquidité totale.
Un arbitrage, c'est le transfert d'une partie de votre épargne d'un support vers un autre au sein de votre contrat d'assurance vie. Pas de fiscalité tant que vous ne retirez rien, c'est l'un des grands avantages du contrat.
Critère 1 : votre situation personnelle évolue. Vous approchez de la retraite ? Il est temps de sécuriser progressivement en transférant une partie des UC vers le fonds euros. À l'inverse, vous héritez et n'avez plus de besoin court terme ? Vous pouvez augmenter la part UC.
Critère 2 : les marchés ont fortement monté. Vos UC ont pris 25% en 2 ans ? C'est peut-être le moment de sécuriser une partie des gains. Pas tout, mais disons 30% à 50% de la plus-value, que vous transférez sur le fonds euros. C'est ce qu'on appelle "prendre ses bénéfices".
Critère 3 : rééquilibrer l'allocation initiale. Si vous aviez décidé 50/50 et que vous vous retrouvez à 65% UC / 35% fonds euros à cause de la performance, un arbitrage permet de revenir à 50/50 en vendant des UC et achetant du fonds euros.
Quand arbitrer ? Il n'y a pas de timing parfait, mais quelques moments-clés :
Comment procéder ? La plupart des assureurs proposent des arbitrages en ligne en quelques clics. Vous sélectionnez le support de départ, le support d'arrivée, le montant à transférer, et validez. L'opération prend généralement 3 à 5 jours ouvrés.
Certains contrats proposent des arbitrages automatiques programmés : sécurisation progressive, stop loss (vente automatique si baisse de X%), ou dynamisation automatique (achat d'UC si les marchés baissent fortement). Ces options peuvent être utiles si vous ne voulez pas gérer activement.
Le match entre fonds euros et unités de compte n'a pas vraiment de vainqueur. Les deux supports sont complémentaires et doivent cohabiter dans votre contrat selon votre situation. Le fonds euros apporte la stabilité et la sérénité, les UC offrent la performance et la diversification.
En 2025, le bon mix dépend avant tout de votre âge, vos projets, votre psychologie face au risque et votre horizon de placement. Un trentenaire sans besoin court terme aura intérêt à miser massivement sur les UC. Un quinquagénaire qui prépare sa retraite sécurisera progressivement. Un retraité privilégiera largement le fonds euros en gardant une petite touche d'UC pour dynamiser.
L'essentiel ? Ne pas rester figé. Votre allocation doit évoluer avec vous, vos projets, et les marchés. Un rendez-vous annuel avec votre conseiller permet d'ajuster la stratégie, de prendre des bénéfices quand c'est pertinent, et d'éviter les erreurs émotionnelles.
Chez ALAIA Patrimoine, cabinet de gestion de patrimoine à Bordeaux, nous accompagnons nos clients dans la construction de leur allocation patrimoniale sur-mesure. L'objectif n'est pas de faire de vous des experts des marchés, mais de vous permettre de dormir tranquille tout en faisant fructifier votre épargne intelligemment.

